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VISHAK D., Qubbet el-Hawa


Community and Identity in Ancient Egypt.

The Old Kingdom Cemetery at Qubbet el-Hawa

Cambridge

University Press

2015

Contents

Introduction

1. People and place : historical and social context

2. Tombs in context : description of cemetery and overview of tombs

3. Figure, panel, program : form and meaning

4. Individuals, community, identity : summation and interpretation of program context

Conclusion : monuments of a community

Appendix A : chronology and the two Heqaib

Appendix B : text translations

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Commentaire relatif à l'aspect judiciaire

L’auteure procède à l’analyse interdisciplinaire d’ un ensemble de 12 tombes faisant partie de la nécropole d’Ancien Empire à Qubbet el-Hawa en ayant recours à des méthodes ressortant de l’histoire de l’art, de l’archéologie, de l’anthropologie et de la sociologie. Elle fait apparaître les liens entre les communautés provinciales de l’époque, les identités partagées dans le cadre global de l’univers égyptien, et leur mode d’expression.

Deborah Vishak se penche notamment sur les titulatures figurant dans les sépultures (p. 239 à 286) en faisant remarquer que le manque d’activités agricoles significatives dans la région d’Elephantine exerce un impact sur le choix des titres portés par l’élite locale. D’autre part, la spécificité de son champ d’activité (expéditions commerciales et militaires en territoire nubien, gestion de territoires étrangers, contrôle des frontières) influe également sur la composition des titulatures. Il existe à ce niveau une différence marquée entre Eléphantine et le reste du territoire égyptien.

Qu’en est-il au niveau judiciaire ? Deborah Vishak rappelle à ce sujet que les nomarques portent souvent des titres en relation avec ce secteur, citant nt. sAb aD-mr, qu’elle traduit par «juridicial official». Cette remarque est corroborée par la consultation de l’ouvrage de Emilie Martinet (Le nomarque sous l’Ancien Empire, paru dans la collection Les Institutions dans l’Egypte ancienne, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2011), exception faite pour le 1er nome de Haute Egypte et plus particulièrement la nécropole de Qubbet el-Hawa. sAb aD-mr ne figure en effet dans aucune des titulatures citées par Deborah Vishak et Emilie Martinet. Le lecteur se souviendra que le titre est porté par les administrateurs de nome, investi de pouvoirs judiciaires visant à régler tout différend survenant dans l’exercice de leur fonction (Alexandra Philip-Stéphan, Dire le droit en Egypte pharaonique. Contribution à l’étude des structures et mécanismes juridictionnels jusqu’au Nouvel Empire, Editions Safran, collection Connaissance de l’Egypte ancienne, vol. 9, 2008, p. 54). Il fait à ce titre partie de la «séquence juridictionnelle classique» caractérisant les titulatures du personnel juridictionnel (id. p.52). Faut-il déduire de cette carence que les dirigeants d’Eléphantine n’étaient pas habilités à exercer la justice dans leur sphère de pouvoir, alors que de facto ils pouvaient être assimilés à des gouverneurs provinciaux même lorsqu’il n’en portaient pas le titre (Hry-tp aA n spAt) ? Dans le cours de son analyse, Deborah Vishak constate que l’exercice accru de responsabilités en Nubie allait de pair avec une diminution des références aux charges administratives au niveau local, le phénomène ayant pour corollaire que la plupart des titres caractérisant l’élite provinciale font défaut à Qubbet el-Hawa. Pourrait-il y avoir un transfert de compétences au profit des autorités d’un nome adjacent, dans la mesure où le flux du contentieux dans la région d’Eléphantine s’avérait insuffisant compte tenu de la pénurie en espace cultivable ?

Rares sont à Qubbet el-Hawa les personnages secondaires portant un titre possédant une coloration judiciaire. En font partie wAsi et anwi, tout deux sAb imy-r sS ainsi que sAbni, sAb sS, figurant parmi les porteurs d’offrandes dans la tombe de Sabni2. L’on relèvera également la présence d’un sAb imy-r sS, imy-r pr (irr Hsst nb.f ra nb) en la personne de wAD (?) dans celle de Pepynakht Heqaib2. Le marqueur sAb est à tout le moins l’indice de connaissances spécifiques en matière judiciaire/légale, certains auteurs y voyant l’équivalant (à tort selon nous) d’un juge (cfr. la partie Introduction du présent site). Ce marqueur est en l’occurrence associé au milieu scribal.

Plusieurs titres basiques de scribes (sS) figurent principalement dans la tombe de Pepynakht Heqaib 2, ainsi qu’un titre chez Sabni2 et Khunes. Patrizia Piacentini est d’avis que le simple titre de scribe constitue un titre d’entrée dans l’administration donnant par la suite accès à des filières spécialisées et hiérarchisées (o.c. p. 19). Il n’implique donc pas pour autant que son titulaire fasse partie ab initio de la mouvance judiciaire.

La référence à des compétences en relation avec la sphère judiciaire dans la nécropole de Qubbet el-Hawa est réduite à la portion congrue : les titulatures des propriétaires des tombes en sont dépourvues, et pour le surplus l’on doit se contenter de sAb imy-r sS (3 occurrences) et de sAb sS (occurrence unique).

L’on signalera d’autre part le titre imy-r rwt porté par l’imy-r pr kAri dans la tombe de Kwin-Khnoum (pl. XIb). Deborah Vishak traduit «Overseer of the Gateway». Hannig R., (Ägyptisch Wörterbuch I, n° 17612) traduit rwt par ‘Gerichtsplatz am Tor’. Une lettre retrouvée dans les archives sur papyrus du temple de Neferirkarê-Kakaï établissant l’existence d’un litige à propos d’une livraison de vivres à destination du sanctuaire, fait référence à la saisine des «magistrats de la Grande Cour» et à leur décision de justice (pBerlin 11301, Wente E., Letters from Ancient Egypt, p. 55; Philip-Stéphan A., o.c., document 90, p. 297). Nous y apprenons que les membres de cette juridiction sont désignés sous le vocable de sr.w nw rw.t Hw.t wr.t ce que Wente traduit par «the magistrates of the portico of the lawcourt», la localisation du siège de l’activité judiciaire se situant à proximité de l’accès à un bâtiment (en l’espèce la Grande Cour). Citons également l’hypothèse de lecture sAb sS rwt n wsxt formulée par Patricia Piacentini (Scribes I, p. 360-1), avalisée par Philip-Stéphan sous la forme sAb sS n rwt wsxt (o.c. p. 113), faisant référence à la justice rendue à la porte des temples. Les notions de «porte» et de «tribunal» ont de tout temps été associées ainsi que l’enseignaient notamment Marie-Thérèse Derchain-Urtel (Thot à travers ses épithètes dans les scènes d’offrandes des temples d’époque gréco-romaine, FERE,1988, p. 95 sq.) et Jan Quaegebeur (La justice à la porte des temples et le toponyme Premit, Individu, Société et Spiritualité dans l’Egypte pharaonique et copte, Mélanges Théodoridès, 1993, p. 201 sq.).

Le terme rwt n’est en l’espèce pas associé à une institution particulière, telle que Hwt wrt ou wsxt. Il est autosuffisant, ainsi qu’il appert par exemple du titre imy-r pr n rwt mentionné (avec une graphie divergente comprenant le signe du lion couchant) dans la tombe de Qar (G7101) à la VIe dynastie (Simpson, The mastabas of Qar and Idu, vol. 2, MFA Boston, 1976, fig. 27) où le porteur du titre, dénommé nsw-Hr, introduit un défilé de 5 personnes (certaines qualifiées de Hry...) porteuses de divers objets, parmi lesquels ne figure pas de matériel scribal. Il peut être intéressant de mettre en parallèle avec la représentation des membres de la DADAt nt pr-Dt dans la tombe de Ti (voir Osirisnet, tombe de Ti, p. 5, vue stein_21; Capart, Memphis, fig. 359), défilant en dessous de la représentation du défunt procédant à l’inspection des domaines, en compagnie de son épouse.


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